CAPD du 29 janvier 2013 - Déclaration du SNUipp-FSU

Le 26 janvier 2013, le Ministre de l’Education a publié au journal officiel son décret sur la réforme des rythmes dans la version inchangée qui avait reçu un avis largement défavorable lors du vote au Conseil Supérieur de l’Education. Ce passage en force n’empêchera pas longtemps les faiblesses et incohérences de ce texte d’apparaître au grand jour. Pour le SNUipp-FSU, ce texte ne contribue pas à améliorer les conditions d’apprentissage des élèves. Si la remise en cause de la semaine de 4 jours et de l’allongement de la journée qui y était associée est positive, force est de constater que la version actuelle ne répond pas aux besoins. La journée scolaire reste encore trop longue, ainsi que l’amplitude sur la semaine, et le flou qui entoure les conditions de prise en charge des enfants sur le temps péri-scolaire bien trop grand. Le risque existe donc que les inégalités ne se creusent en fonction des possibilités, et des choix des communes, des revenus des familles. La récente annonce que le temps éducatif ne soit plus obligatoire et qu’il puisse être payant conforte hélas notre analyse. Pour le SNUipp-FSU, une vraie réforme ne peut se faire sans que soit associée à son élaboration les personnels, qui pour l’instant n’ont pu faire entendre leurs voix, malgré notre demande que du temps institutionnel soit accordé aux équipes. Une vraie réforme des rythmes devrait passer par une réduction conséquente de la journée scolaire, et pas seulement par une diminution de 30 ou 45 mn comme dans le projet actuel, ce qui implique une réflexion globale de l’aménagement des rythmes sur la journée, la semaine et l’année. Elle implique également une prise en charge de qualité, sur l’ensemble du territoire, du temps péri-scolaire par des personnels formés et avec des taux d’encadrement qui ne soient pas revus à la baisse comme vient de l’annoncer le Ministère, avec du matériel et des locaux appropriés. Un cadrage national est indispensable pour éviter un éparpillement des dispositifs qui va rendre extrêmement difficile la gestion des personnels, et compliquer l’organisation des familles. La fin de la semaine de 4 jours est une mesure que nous approuvons, mais si elle est appliquée sans moyen, sans réflexion, sans être appuyée sur un véritable projet pour les élèves et sans prendre en compte les besoins exprimés par les personnels, elle ne marquera pas de véritable rupture et comporte des risques importants d’aggravation des inégalités... Il faut en urgence suspendre le décret sur les rythmes et remettre tous les acteurs autour la table. C’est le sens des mouvements de grève qui ont lieu actuellement.

Mais si la question des rythmes est importante, elle ne doit pas occulter le fait qu’elle n’est pas la seule à même de favoriser la réussite scolaire. Pour ce faire, une baisse conséquente des effectifs par classe est nécessaire, de même que la reconstitution et l’amélioration des RASED. Le silence du Ministère sur la question de l’aide spécialisée est à ce titre révélateur d’une continuité inquiétante. Dans notre département, la création du statut de ME-PE a à la fois réduit de manière drastique les possibilités d’aide aux élèves et mis nos collègues Maîtres-ses E dans une situation incohérente et qui génère de la souffrance professionnelle, comme certain-es d’entre eux l’ont récemment exprimé dans notre bulletin. Le rétablissement des postes supprimés est une urgence, de même que le départ en formation de nouveaux enseignant-es afin de répondre aux besoins dans toute les options de l’ASH !!! A ce titre, la dotation allouée à notre département s’avère décevante puisqu’elle ne compense même pas la totalité des postes perdus l’an dernier, sans compter ceux qui avaient été supprimés les années précédentes. Il sera tout autant nécessaire de revoir les programmes, mettre en œuvre une formation initiale et continue de qualité, et organiser le temps de travail des enseignant-es de manière à opérer un décrochage de celui du temps des élèves. C’est dans cet esprit que nous pensons que le dispositif du « plus de maîtres » devrait être mis en œuvre, de manière généralisée, afin de permettre un autre fonctionnement de l’Ecole, et des équipes. Alors le terme de « refondation » de l’Ecole pourra prendre tout son sens, faute de quoi il restera lettre morte.

Si cette refondation semble être en l’état loin de celle qui est attendue, c’est bien parce que les choix budgétaires faits par le gouvernement ne sont pas ceux qui la rendraient possible. En remplaçant la RGPP par la MAP, l’exécutif ne se donne pas les marges de manœuvre nécessaires à une politique ambitieuse et utile au plus grand nombre. La restitution des postes perdus dans l’Education ne saurait se faire aux dépens des autres administrations. Et c’est pour signifier au gouvernement qu’il est urgent d’inverser la vapeur que les organisations syndicales CGT/FSU/
Solidaires de la Fonction publique ont lancé un appel à la grève le 31 janvier. C’est pour la création massive des postes nécessaires au développement et à l’amélioration des services publics, pour une revalorisation des salaires afin de compenser la baisse du pouvoir d’achat, et pour la suppression de la journée de carence que les fonctionnaires seront dans la rue ce jeudi. A l’occasion de ce mouvement de grève, le SNUipp-FSU a interpelé le Ministère sur la question de la loi sur le SMA. Inopérante en matière d’accueil, puisque les collectivités ne parviennent pas à la mettre en œuvre, cette loi n’a pour fonction que de restreindre les droits syndicaux en imposant des délais aux organisations pour le dépôt de leurs préavis, et aux enseignant-es en leur imposant l’envoi d’une déclaration préalable. Elle constitue à ce titre une grave atteinte aux droits des salarié-es. Le SNUipp-FSU en exige la suppression, c’est le sens de l’appel au boycott de cette déclaration que nous avons relayé localement, tout en appelant nos collègues à prévenir suffisamment tôt les familles pour ne pas les mettre en difficulté, comme ils et elles l’ont toujours fait !

CAPD du 29 janvier : Déclaration du SNUipp-FSU