Alors que va débuter cette CAPD, nous souhaitons réaffirmer ici qu’une question est au coeur des discussions des salles des maîtres…Celle du temps de travail.

Et notamment le travail « invisible » qui correspond aux rencontres avec les parents, au travail en équipe, à l’appropriation des nouveaux programmes, à la lecture des circulaires, des projets, des rapports, à la préparation et l’accompagnement des sorties, à l’élaboration du projet de classe et du projet d’école, au suivi des apprentissages et des bilans des élèves, à la gestion du site de l’école et du matériel informatique, de la coopérative scolaire et des commandes de fournitures, au lien avec les collègues quand on partage la classe, au travail avec le RASED, aux différentes équipes éducatives et de suivi, au temps d’accueil des élèves, à la restitution des élèves aux familles, au lien avec les AVS, les ATSEM, les agents de service, à la préparation et l’organisation des événements au sein de l’école, aux réunions avec les partenaires locaux…

Tout ceci constitue ce que nous appelons le travail invisible des enseignant-es. Et lorsqu’une nouvelle réunion vient s’ajouter, la même réponse est donnée invariablement : “Vous prendrez ce temps sur les 108h…” 108h qui devraient plutôt s’appeler les 208h si l’on en croit les services de la DEEP qui, dans une étude de 2013, ont comptabilisé ce temps invisible… (Voir notre nouveau 4 pages APC de nov. 2016 - https://snuipp-fsu72.box.com/v/nv4pagesAPCnov2016)

C’est dans ce cadre que le SNUipp-FSU a impulsé au niveau national l’action consistant à revendiquer la fin des APC dont la matrice d’origine remonte à l’Aide Personnalisée imposée sans base scientifique sous le ministre Darcos. Pourtant, le manque d’efficacité de ce type d’aide a été démontré maintes fois et depuis longtemps. Notamment dans un rapport d’IGEN, censuré en 2010. Il indiquait que “si l’on veut réformer les pratiques pédagogiques, c’est bien le coeur de la classe qu’il faut viser" et non à côté et/ou en dehors. Il ajoutait que “si les niveaux d’exigence correspondent aux capacités des « bons » élèves, il n’est pas étonnant de constater un nombre important d’échecs… Et les dispositifs d’aide et d’accompagnement ne suffiront pas à y remédier. C’est la logique globale de fonctionnement du système qui est ici en question”. Le seul intérêt réel que des enseignant-es reconnaissent aux APC, c’est la possibilité qu’ils/elles ont de travailler avec de petits groupes d’élèves. Par ailleurs, si les APC étaient vraiment utiles et efficaces, comment expliquer alors qu’elles ne sont pas obligatoires et que bien des personnels en soient exemptés ?

Il existe pourtant des solutions qui permettent d’avoir du temps à consacrer à tous-tes nos élèves et à améliorer leur réussite : baisser substantiellement le nombre d’élèves par classe en premier lieu et généraliser le dispositif PMC à toutes les écoles.

S’il s’agit d’aider les élèves en plus grande difficulté, l’action des RASED est largement reconnue par la recherche. Mais pour que ceux-ci puissent répondre à l’ampleur des besoins, il est indispensable qu’ils soient complets et en nombre suffisant, sur tout le territoire. Ce qui signifierait : “faire partir des enseignant-es en formation CAPA-SH E et G (donc arrêter d’inciter les collègues à s’inscrire en candidats libres) et en DEPS dans une tout autre proportion que lors de ces dernières années.

Enfin, chaque enseignant-es sait que l’acte d’enseigner nécessite de s’inscrire dans une démarche collective, avec du temps, de la concertation et de la formation. Des moyens, en somme… Il est donc regrettable que les choix opérés soient d’abord et uniquement budgétaires. L’État n’a pas fait le choix d’un effort réel d’une École permettant la réussite de toutes et tous les élèves. et ce malgré les annonces de priorité à la jeunesse et à l’école primaire.
C’est dans ce cadre et en conscience que des enseignant-es se réunissent sur le temps d’APC, pour organiser le fonctionnement de l’école, des cycles, les projets d’école, de classe, etc. C’est pour que la reconnaissance et la prise en compte de tout ce travail invisible soit enfin mise sur la table des négociations que le SNUipp-FSU a lancé la consigne de ne plus prendre nos élèves sur le temps d’APC et de consacrer ce temps pour travailler collectivement à la réussite de toutes et tous élèves.

C’est dans le cadre de cette mobilisation que les représentant-es nationaux-ales du SNUipp-FSU seront reçu-es demain, mercredi 9 novembre par le ministère avec, le souhait et la volonté annoncés par le nouveau directeur de cabinet de la Ministre, de sortir par le haut de la situation actuelle. Il serait donc dommageable que la Sarthe se singularise en étant le seul département où la menace des retraits de salaire soit annoncée quand, partout ailleurs, c’est le calme, la sérénité et le dialogue qui sont de mise…
Pour en venir à l’objet principal de cette CAPD, le SNUipp-FSU tient à nouveau à dénoncer le système des promotions… Système totalement injuste et inéquitable… Dans le cadre du PPCR, l’actuel système des promotions, jugé totalement archaïque par la profession, est voué à disparaître. Pour autant, le SNUipp-FSU 72 tient à réaffirmer que les évolutions à venir sont, au mieux, insuffisantes…

En effet, le ministère prévoit de nouvelles modalités d’avancement avec un rythme unique pour tous-tes. Il y aura néanmoins quatre moments inéquitables qui perdureront.
Les deux premiers lors des passages aux 7e et 9e échelons, 70 % des enseignant-es verront leur promotion retardée. Le pseudo mérite qui existe aujourd’hui n’est donc pas totalement supprimé.
le troisième étant l’accès à la hors classe qui devrait concerner par ailleurs tous-tes les enseignants. Faut-il encore que le ratio d’accès soit modifié et que le temps d’attente pour y accéder soit largement réduit. À ce jour, rien n’indique que les choses aillent en ce sens…
Et pour que le tableau des injustices soit complet, le ministère entend également permettre aux happy few, soit une minorité des 10% des PE, d’accéder à un nouveau grade, la classe exceptionnelle. Là encore, cela signifie que 90% en seront exclus soit l’immense majorité de la profession. Réservée à certaines fonctions (direction, exercice en éducation prioritaire...) mais aussi au titre d’une « valeur professionnelle », elle introduit le principe de deux carrières distinctes chez les PE. Le SNUipp-FSU dénonce cette nouvelle rupture d’égalité et refuse l’idée qu’il y ait des PE de « seconde zone ».

Le SNUipp-FSU revendique une vraie revalorisation, qui permettrait d’aligner les salaires des enseignant-es français sur ceux de leurs homologues européens. Le versement de l’ISAE, obtenu par la mobilisation des personnels comme de leurs représentant-es ne constitue à ce titre qu’un premier pas, insuffisant. Nous rappelons ici d’ailleurs qu’un nombre important de personnes en sont exclues. Le SNUipp-FSU mène campagne actuellement avec ces personnels pour que cette injustice soit levée.

[Liste des exclu-es de l’ISAE : Coordonnateurs REP, Conseiller-es pédagogiques, PE éducateur-trices, PE sur différentes missions de coordination, Enseignants référents « scolarité » des MDPH, Enseignants exerçant en milieu pénitentiaire, (ou responsable d’une unité locale), Enseignants en centre éducatif fermé, Enseignants en classe relais, Directeurs adjoints chargés de SEGPA, Secrétaires de CDOEA, Enseignants en ERPD, CRDP, CANOPE, au CNED.

Le SNUipp-FSU revendique donc :
que l’inspection soit totalement et définitivement déconnectée de la progression de carrière,
que l’ensemble des enseignant-es évoluent au même rythme (le plus rapide), comme c’est le cas des IEN ou des chef-fes d’établissement
que toutes et tous puissent atteindre l’indice terminal de la hors-classe avant le départ en retraite,
la suppression du grade exceptionnel qui rendra à nouveau la progression de carrière des enseignant-es dépendant du “bon plaisir” de la hiérarchie,
que le point d’indice soit largement rehaussé. Faut-il rappeler qu’au 1er janvier 2017, suite aux réformes des retraites de 2010 et 2014, le taux de cotisation retraite augmentera de 0,35 point et passera à 10,29% du salaire brut, neutralisant une partie important des revalorisations annoncées.
Aujourd’hui encore, de trop nombreux-ses enseignant-es, malgré une carrière complète, n’atteignent toujours pas le 11e échelon avant de partir en retraite. Qui plus est, ce système, combiné à l’intégration des instituteurs-trices dans le corps des PE a généré le « fameux bouchon » qui condamne une grande partie de la profession à n’obtenir qu’un avancement à l’ancienneté…

Déclaration préalable du SNUipp-FSU 72, CAPD promo 8 novembre 2016