Décharge des écoles de 4 classes

Oui, nous l’avions exigé, mais par des brigades et non par les PE2 :

• la solution trouvée restreint la formation initiale et continue : la formation en alternance avec les stages en responsabilité est une chose, le remplacement régulier d’un collègue en est une autre...

• de nombreuses écoles de plus de 4 classes se voient également attribuer d’office un PE2, rompant ainsi un travail d’équipe mis en place avec un-e décharge de direction.

• contrairement aux engagements de l’administration, lorsque les PE2 sont en stage en responsabilité, soit 6 semaines par an, personne n’assure la décharge de direction dans bon nombre d’écoles !

• avec le projet de masterisation, la diminution du nombre de stagiaires en 2009, puis la suppression programmée de l’année de PE2 en 2010, la décharge des écoles de classes est ajourd’hui remise en cause puisqu’aucun moyen réel n’a été mis en place.

Recrutement massif des EVS pour l’aide à la direction d’école

Si le SNUipp aux côtés des collègues a toujours demandé des moyens en temps et en personnel pour remplir les multipes tâches liées à la direction, il s’est opposé au déploiement des contrats précaires au sein des écoles. De nombreux conseils des maîtres ont renvoyé la motion type proposée par le SNUipp pour refuser l’emploi d’un EVS.
Qu’à cela ne tienne, il fallait faire du chiffre et au-delà des missions d’aide à la direction d’école, des EVS ont été recrutés sur des missions d’AVS (aide à l’intégration) mais sur des contrats de droit privé type CAE et CAV, encore moins rémunérés !
Non signataire du protocole, opposé au développement de la précarité, le SNUipp s’est pourtant retrouvé seul pour défendre les personnels concernés :

• organisation et animation des réunions d’info syndicale EVS-AVS (plus de 100 personnes à chaque fois)
• accompagnement et soutien face à l’administration
• recours juridique pour l’obtention de la prime de retour à l’emploi
• défense pour le respect des grilles horaires
• mobilisation pour la reconduction des contrats
• exigence d’une formation digne de ce nom, de la création d’emplois statutaires...

Revalorisation financière pour les directeurs-trices : 15 euros !

Réalisant au cours de l’été 2006 que cela ne suffirait pas pour faire cesser la grève administrative, le ministre double la mise à la rentrée des classes. Mais cela ne suffit toujours pas, car contrairement aux annonces officielles la grève administrative persiste et De Robien donne consigne aux IA quelques mois plus tard de sanctionner financièrement les directeurs-trices.

Même si à cette rentrée 2008, l’indemnité est revalorisée, son montant témoigne du peu de reconnaissance accordée aux directeurs-trices au regard des tâches et responsabilités qu’ils accomplissent quotidiennement.

Vers un statut de chef d’établissement ?

La direction d’école est une tâche complexe qui mérite du temps, des moyens et une reconnaissance, mais le statut ne résoudrait en rien le problème ! De Jules Ferry aux luttes syndicales du début du XXème siècle, les décisions ont toujours été prises d’une manière collégiale, l’école publique s’est construite dans un double rapport d’indépendance : indépendance vis-à-vis de la hiérarchie et indépendance vis-à-vis des autorités locales. Attachés à cette indépendance, nous n’acceptons pas qu’elle soit aujourd’hui remise en cause, notamment à travers le projet d’EPEP (voir extrait du rapport REISS ci-contre).

Les EPEP : cheville ouvrière du démantèlement

Lors de la séance à l’Assemblée nationale où le projet de budget était présenté, trois députés UMP déposaient un projet de loi pour relancer les EPEP.
Pour mémoire, ce projet majoritairement rejeté devant le Conseil Supérieur de l’Education, avait été mis en sommeil sous De Robien. Il est remis à l’ordre du jour aujourd’hui. Selon le projet de loi, il serait :

• applicable à la rentrée prochaine de manière obligatoire pour les toutes les écoles de plus de 15 classes et de manière facultative pour celles à partir de 13 classes. Pour les écoles de taille inférieure, une autre organisation est envisagée : le rattachement au collège du secteur, avec un directeur (un peu comme l’entité SEGPA à l’intérieur des collèges).

• comme les EPLE (les lycées et les collèges), les EPEP seraient administrés par un conseil d’administration , avec une différence : le Pdt du CA ne serait pas obligatoirement le directeur. En effet, le Pdt est élu par le CA, or celui-ci est composé de 13 membres, dont seulement 3 enseignants : ¼ de personnels (3 enseignant, 1 non enseignant) ¼ d’élus, ¼ de parents d’élèves plus le pdt.

• Puisque c’est le CA qui entérine le projet d’établissement y compris dans sa partie pédagogique, on voit bien les conséquences directes dans le fonctionnemnent des écoles et dans le travail quotidien.

• L’EPEP aurait un budget propre et compétence pour recruter des personnels sous contrat (Personnels d’entretien mais aussi EVS) et pourquoi pas enseignants en CDI... Toutes les suppositions sont permises, si nous mettons ce projet en corrélation avec le rapport Silicani (ce rapport projette trois modes de recrutement des enseignants : des fonctionnaires ayant réussi le concours, des enseignants en CDI et enfin des contractuels ou vacataires)

• Enfin l’EPEP donnant davantage de pouvoirs aux élus, nous pouvons craindre également une mutualisation des moyens privé/public dans le cadre de l’éclatement de la carte scolaire...

Sans entrer dans les détails, ces quelques points énoncés montrent bien que la mise en place des EPEP constitue une rupture avec l’école telle qu’on la connaît, et dans laquelle nous travaillons aujourd’hui. Rupture basée sur une plus grande dépendance vis-à-vis :

• de notre administration d’une part (le directeur devenant notre supérieur hiérarchique et servant de courroie de transmission entre les enseignants et l’IA)
• des collectivités locales d’autre part puisque dans le cadre d’un Conseil d’Administration (où une minorité d’enseignants siège contrairement au conseil d’école) le pouvoir des élus est accru.

Quelques extraits du rapport REISS qui se passent de commentaires...

– L’autonomie des établissement est l’une des conditions de la performance de notre système éducatif

– L’effet chef d’établissement sur la réussite des élèves d’une école primaire, d’un collège ou d’un lycée est une réalité, l’autorité et le rayonnement pédagogique du leader jouent pour beaucoup dans l’amélioration des résultats obtenus par un établissement et dans la qualité de la vie scolaire de celui-ci... il met en place une dynamique vertueuse...

– L’octroi de ces nouvelles responsabilités doit aller de pair avec un renforcement des dispositifs d’évaluation des écoles et des établissements, ainsi que des personnels

– Le directeur, maillon faible de l’Education Nationale... Une volonté de bien faire bridée par l’absence de statut

– Le directeur n’est qu’un enseignant parmi les autres qui ne bénéficie que d’un statut de fonction ne lui donnant aucun pouvoir hiérarchique sur ses collègues. Il n’intervient ni dans l’évaluation, ni dans aucun acte de gestion des enseignants, lesquels relèvent de l’IEN... l’IEN qui vient inspecter un enseignant en moyenne tous les trois à cinq ans... l’école primaire ne pourra assumer son rôle de premier vecteur de l’égalité des chances que si l’on donne aux directeurs d’école un statut ou si l’on augmente de manière significative, le nombre d’inspecteurs.

– La culture des instituteurs les pousse plutôt vers l’individualisme et... la nouvelle notion d’équipe pédagogique reste souvent un cadre vide, ce qui ne facilite pas l’action des directeurs... Ce défaut d’autorité conduit à diminuer d’autant l’efficacité pédagogique d’une école... l’école primaire souffre d’un manque d’esprit collectif que le directeur qui n’a ni responsabilités ni pouvoirs réels à l’égard de ses collègues enseignants, peine à insuffler.

– Le conseil des maîtres fonctionne comme une enceinte de négociations diplomatiques qui tend à ralentir la mise en oeuvre de solutions pédagogiques innovantes et adaptées aux difficultés constatées.

– l’absence de statut consacrant l’autorité hiérarchique du directeur est l’une des explications de l’échec de la mise en place des cycles...

Direction et fonctionnement de l'école : où en est-on ? ou va-t-on ?